A PARIS Magazine Automne 2023 #82 | William Amor, l’ennoblisseur de déchets
William Amor, l’ennoblisseur de déchets
Les Grands Prix de la Création de la Ville de Paris distinguent chaque année six talents du design, de la mode et des métiers d’art. Rencontre avec William Amor, lauréat en 2019 avec ses fleurs créées à partir de déchets plastiques.
Avec lui, un sac plastique devient un coquelicot, un mégot de cigarette se métamorphose en mimosa, un filet de pêche en étamine … William Amor a de l’or au bout des doigts. Cet artiste plasticien se décrit comme un « ennoblisseur de matière délaissée ». En considérant les déchets comme des matériaux nobles, il les travaille à la facon d’un parurier floral ou d’un joaillier, et crée des pièces pour les grands noms de la mode et du luxe. Autodidacte, il a inventé ses propres techniques et a inscrit son activité dans le secteur des métiers d’art. Sa récompense en 2019 par les Grands Prix de la Création, il l’a vécue comme une reconnaissance et « une formidable mise en lumière. Cela a rendu crédible mon art. Une gageure, vu la matière première de mes créations ». Avec l’aide financière qui allait avec le prix, il a pu quitter sa résidence aux Ateliers de Paris et s’installer Villa du Lavoir (10°), dans un atelier permanent.
Au-delà de la poésie de ses créations qui « rendent belles des choses moches», William Amor veut sensibiliser sur ces déchets « terribles, symboles des dérives de notre société et des effets catastrophiques sur l’ensemble du vivant ». Pour sa dernière installation monumentale au Centre Beaugrenelle (15′), il a invité les habitants à déposer une bouteille en plastique avec un message à l’intérieur, pour en faire une cascade florale de 13 mètres de long et 7 mètres d’envergure. Et comme l’artiste est aussi engagé, une sculpture messagère a été vendue au profit de l’association Les Bonnes Fees, qui milite pour la cause des femmes.
Lui, l’enfant de Lorraine qui confectionnait des bouquets dans les champs et se passionnait pour le vivant, semble encore étonné de son succès. « Tout est parti de ma rencontre avec un sac plastique! Quand je suis arrivé à Paris dans les années 2000, il y en avait partout. J’ai focalisé sur ces sacs, et j’y ai vu la transparence des pétales. » Les métamorphoses qu’il réalise sont
spectaculaires. Dans son atelier virevoltent roses et coquelicots,
pivoines et dahlias … qu’on croirait sortis de terre.
Chaque jour, l’artisan se remet à l’ouvrage pour perfectionner ses gestes et ses techniques.
« Je trouve mes créations plus esthétiques et sophistiquées au fil des ans. Ce sont des heures de travail et de minutie. Mais si on crée pour se sentir vivant, c’est réussi. Aujourd’hui, je me sens absolument vivant. »
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